Cela fait déjà quelques temps que FouKi se promène aux quatre coins du Québec mais cette année, le jeune prodige est carrément immanquable. Présent à tous les grands rendez-vous festivaliers de l’été, le rappeur du Plateau-Hess l’était également au FME samedi dernier pour une soirée sur la 7ième rue estampillée 7ième Ciel. Accompagné par ses compagnons de toujours, le rappeur Vendou et le beat producer et DJ QuietMike, FouKi a donné un spectacle survolté devant un public friand de spaghetti et de pain à l'ail. On l’a rencontré dans sa loge après sa sortie scène pour aller récolter quelques anecdotes de tournée.

De Montréal à Rouyn-Noranda, il y a environ huit heures de route, dont trois longues heures dans le Parc de la Vérendrye. Partis la journée même, les acolytes ne s’étalent pas trop sur le trajet lorsque je leur demande comment ça s’est passé.

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« On est parti tôt de Montréal, on est arrivé tard à Rouyn », lance FouKi sous les rires des gens présents dans la loge.

Les rois de la danse

La journée passée assis en voiture n’a pas paru lors de son spectacle, alors qu’on a pu voir le rappeur et son backeur Vendou danser allègrement lors de plusieurs chansons. Habituellement accompagnés par des danseurs, les deux artistes doivent prendre le relais lorsqu’ils sont seuls sur scène, quitte à révéler des petits défauts dans leur maîtrise des chorégraphies, mais toujours avec le sourire.

« On est pas les meilleurs danseurs, avoue FouKi, alors faut qu’on montre qu’on s’amuse à danser pour les gens. C’est ça le plaisir, danser même si tu danses tout croche, parce qu’on partage le moment avec les gens et on a du fun ensemble. C’est pour ça que c’est nice quand les danseurs sont là, parce qu’on danse tout croche et eux sont présents pour rehausser le niveau un peu! (rires) »

La vie de tournée

Outre la danse, le rappeur possède un magnétisme indéniable sur scène. Les chansons s’enchaînent et le public chante toujours aussi fort, qu’on parle de maquillage, de spaghetti ou d’être gayé. Plus ça change, plus c’est pareil pour la Zayquipe, qu’elle soit à Osheaga, au FME ou à l’Isle-aux-Coudres. D’ailleurs, le rappeur et son équipe ne se sont pas arrêtés très longtemps sur l’île située dans Charlevoix.

« Man, c’était tellement creepy là-bas, raconte un FouKi qui oscille entre rire et dédain. On était logés dans une genre d’auberge et les murs étaient vieux, tous roses, il y avait des nounours comme décoration, on avait des petits lits simples. C’était vraiment bizarre, tellement qu’on s’est dit ‘’fuck that, on rentre à Montréal!’’ Personne voulait rester là! »

Personne sauf Sam Rick, le gérant et conducteur désigné de la Zayquipe.

« Sam, c’était le seul qui était quand même down de rester, évidemment, avoue le MC. Y avait Clay & Friends qui étaient là aussi, mais sa blonde était de notre bord - moi, Michel, Vendou - on voulait tous repartir, alors avec sa blonde en plus, il a pas eu le choix. Donc on a fait cinq heures de route en pleine nuit pour rentrer dormir dans nos lits. »

La vie de tournée n’est pas toujours glamour, mais le rappeur est généralement mieux accueilli - à Chicoutimi, par exemple.

« Chicoutimi, c’était fucking G, s’exclame Vendou. Y’avait la piscine, le bain tourbillon, mais surtout, notre chambre était tellement grande, genre deux fois la loge ici! »

Gayés à travers le Québec

En plus, depuis la légalisation du cannabis, le rappeur peut ajouter son kankan à son rider - ses demandes de tournée - en toute légitimité. C’est un peu un game changer pour le rappeur dont les fans chantent désormais Gayé à sa place lors des concerts. Alors, où est-ce qu’on trouve le meilleur pot au Québec?

« À Victoriaville mon chum, répond FouKi sans équivoque. Ils avaient des petits pots avec mon nom dessus, c’était gayant! On avait quatre sortes différentes, 3.5g de chaque, écrit le pourcentage de THC, avec mon nom et tout. D’habitude, les gens vont juste à la SQDC, ils ne se compliquent pas la vie, mais là c’était vraiment next level. »

Le problème avec la vie de tournée, c’est que ça représente une nouvelle ville, un nouveau lit et une nouvelle ride en voiture tous les jours. À force, est-ce qu’on s’en tanne?

« J’aime toujours autant les shows mais je vais pas te cacher que j’ai hâte à octobre, j’ai pas de shows alors je vais pouvoir prendre ça relax un peu! »

Dur de créer sur la route

Bien que son dernier album, ZayZay, ne soit sorti qu’en mai dernier, on dirait qu’il fait longtemps que nous n’avons pas eu du nouveau FouKi à se mettre dans les oreilles. Récemment, on a pu l’entendre sur New man, une collaboration avec Obia le Chef parue sur le nouvel EP de ce dernier, Zoklo.

« C’était le fun, on a chillé à son studio au début de l’été, on a écouté des beats, on a écrit ça on the spot pis c’était vraiment un good vibe. »

Par contre, la tournée rend le travail sur ses propres projets plus compliqué, le confort du studio maison manquant cruellement au rappeur.

« En tournée, je ne peux pas en faire trop parce que j’ai toujours un show le lendemain pis je dois faire attention à ma voix, explique-t-il. J’écris, je compose. Mais je suis un gars qui aime justement créer les flows avant les paroles, pis ça me bloque des fois de ne pas avoir le flow avant d’écrire les lyrics. En fait, j’ai des flows, mais j’ai pas le confort, l’assurance que le flow rentre autant que quand je suis chez nous. Quand tu peux l’enregistrer, tu sais exactement comment ça sonne, t’es assuré que c’est dope, ça rentre tout de suite. Là, ce qui arrive c’est que je peux pas jouer avec ça comme je veux, alors j’ai hâte de rentrer pour travailler là-dessus! Juste rien foutre pis être dans mon studio, faire plein de conneries. J’ai hâte d’avoir le temps pour faire ça. »

Fini la pizzéria

Toutefois, le jeune rappeur est conscient de la chance qu’il a de pouvoir faire la tournée des festivals et se produire devant des foules importantes soir après soir, et que les inconvénients de ce mode de vie sont de loin surpassés par ses avantages.

« C’est toujours le fun faire des shows, c’est cool mais c’est tough, avoue-t-il candidement. Dis-toi, en trois mois, je fais mon argent pour l’année, c’est intense. En fait, c’est intense mais c’est ma job, pis je retournerais pas à la pizzéria! »

En voyant la réaction du public du FME à son spectacle sur la scène Desjardins, les chances de le revoir flipper des pizzas semblent bien minces.

Photo à la Une : Archives HHQc.com

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