Vendredi dernier, Souldia et Loud larguaient une bombe sur Internet avec « Rêve de jeunesse », un
featuring iconique entre les deux poids lourds du rap québécois qu’on retrouvera sur l’album Backstage du rappeur de Limoilou, disponible ce vendredi. Encore mieux, la chanson était accompagnée d’un clip ingénieux réalisé par la maison de production Sixteen Pads, dont les visuels tapissent le rap local depuis plus d’une décennie. Comme il n’est pas simple de tourner une vidéo en temps de crise, HHQc.com est allé à la rencontre (téléphonique) de Patrick Antoniewicz, réalisateur du clip et homme derrière Sixteen Pads pour en apprendre plus sur le processus de création de « Rêve de jeunesse ».

Repartir à zéro

Le clip, qui met en vedette les deux rappeurs bien confinés chez eux dont les images tournées au cellulaire sont projetées sur des immeubles montréalais, devait originalement avoir une toute autre direction. Mais COVID-19 oblige, les plans ont dû être revus afin d’arriver à proposer un visuel digne d’une chanson aussi marquante pour le rap queb dès sa sortie.

« Une semaine avant le tournage, explique Antoniewicz, on a commencé à comprendre que ça serait vraiment difficile de tourner le clip tel qu’on le voulait. Loud et Souldia étaient confinés et tenaient à le rester, surtout que le gouvernement avait demandé aux artistes de montrer l’exemple au reste de la population. »

Comment donc réaliser un clip à la hauteur de la chanson lorsque les déplacements sont restreints et que le Québec « est sur pause », comme l’a mentionné le premier ministre François Legault la semaine dernière? Sixteen Pads devait faire vite pour trouver une solution, la sortie de la chanson étant déjà prévue et les opportunités de tourner de moins en moins nombreuses.

« Tout est allé très vite. J’ai brainstorm de mon côté et finalement, j’ai trouvé l’idée le jeudi soir, raconte le réalisateur. J’ai contacté Carlos (Munoz, de Joy Ride Records) et Steve (Jolin, de 7ième Ciel Records) et les deux étaient partants pour mon concept, et les artistes aussi. Le lendemain, les gars se filmaient avec leur cells et le samedi soir, on est partis filmer dans la rue. »

Alors que les raisons valables de sortir de chez soi diminuent de jour en jour, l’équipe réduite de Sixteen Pads s’est mise au travail en pleine nuit, question de passer inaperçue le plus possible. Pas facile lorsqu’il n’y a personne dans la rue et qu’on projette des images de plusieurs dizaines de pieds sur des immeubles bien en vue.

« L’équipe était un peu stressée, avoue Antoniewicz, parce que la police nous a accostés quelques fois pour nous demander ce qu’on faisait dehors à 2h du matin. On se promenait en petite équipe, avec juste une van et un gros projecteur de cinéma. C’était spécial mais finalement, on a réussi à avoir nos shots. »

Quelques jours plus tard, le clip de « Rêve de jeunesse » était en ligne et les amateurs de rap félicitaient les artistes d’avoir pu produire un clip à l’idée novatrice, alors que les yeux sont plus que jamais rivés sur le monde du divertissement audiovisuel.

Un parcours qui en dit long

Pour Antoniewicz, il s’agit d’un bon coup vu les circonstances, mais pour un homme dont le portfolio dans le rap québécois s’allonge sur plus de dix ans, c’est un bon coup parmi tant d’autres. Celui qui compte des clips pour Souldia, Rymz, Koriass, Lary Kidd, Webster, Vaï, Sarahmée et même Marc Dupré voit son parcours avec fierté.

« C’est sûr que je suis fier d’avoir pu autant travailler avec des rappeurs d’ici, avoue-t-il. J’ai eu la chance de travailler sur des grosses campagnes de pub avec les années, alors mon travail avec les artistes d’ici, c’est quelque chose que je fais par passion, avec des artistes que j’apprécie. Mais c’est une chance d’avoir pu participer à l’évolution du mouvement, c’est clair. »

Avant l’arrivée des caméras vidéo 4K et des drones, à une époque où il était plus compliqué d’avoir des visuels de calibre professionnel, un clip estampillé Sixteen Pads était un gage de qualité dans le rap québécois. Aujourd’hui, Patrick Antoniewicz et son équipe continuent de s’imposer comme des incontournables du monde de la réalisation vidéo montréalaise, que ce soit pour vos rappeurs préférés ou pour des compagnies comme Mastercard ou Sid Lee.

Les lecteurs de HHQc.com avaient d’ailleurs pu voir son travail lorsqu’on vous a proposé des images exclusives du concert de Loud au Centre Bell en collaboration avec Samsung. C’est effectivement Sixteen Pads qui était derrière la réalisation de ce retour visuel sur un show légendaire.

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Crédit photo : G58 (@garage_58)
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