Dans le but de mettre de l'avant la plume de nos rappeurs locaux, HHQc.com a décidé de créer cette série, qui reviendra sur une base assez irrégulière, dans laquelle des artistes hip-hop ayant récemment lancé un album décortiquent leurs textes. Aujourd'hui, le rappeur de Québec Beeyoudee se penche sur Contre amertume bon cœur, son nouvel effort.

Contre amertume bon cœur est disponible sur toutes les plateformes numériques, ainsi qu'en magasin.

1. Contre amertume bon cœur

« On a l'impression qu'se détruire aide à décompresser
On en perd nos principes
Mais pas toujours pour le plaisir
Quand on s'fait pincer
Le réveil est hypothétique »

Contre amertume bon cœur, c’est en référence au proverbe Contre mauvaise fortune bon cœur. Dans mon cas, je fais le parallèle avec la frustration, mais aussi la capacité d’être très sensible. En fait, cette amertume-là vient de beaucoup de sensibilité et de déceptions. Quand je parle de se détruire, je parle de consommer abusivement, que ce soit de l’alcool, des drogues, des gens, de la nourriture, etc. Au même titre qu’un workaholic. Au fond, c’est du déni. Quand on touche le fond, souvent on perd nos principes et on fait des choses qu’on n’aurait jamais pensé faire quand tout allait bien. Je fais référence à se faire pincer parce que soit tu te fais prendre, soit tu frappes un mur et ça peut t'inciter à te reprendre en main comme ça peut aussi te faire basculer encore plus vite et plus creux , de là le réveil hypothétique.

2. One Night

« Mon nom c'est pas Tom Booktout… Darlin'
On t'a jamais dit qu’il faut pas croire tout c'que tu vois en ligne ?
Vol au-dessus d'un nid d'coucou … Basse ville
Où même les plus nasty roucoulent un coup les balls vides »

La chanson met en contexte un échange entre moi et Peach Gyal, une séance de cruise avant le One Night.
Tom Booktout vient de mon ancien nom sur Facebook. Ensuite, je fais référence au film Vol au-dessus d’un nid de coucou pour comparer la basse ville de Québec à un asile psychiatrique ou même les plus déviants feel doux après un orgasme.

3. Flash back

« Flash Back
I reminisce
La vie avant qu'les hashtags
Ne définissent tes feelings
Et tes actes sarfs, develishs
Flash Back
I reminisce la vie
Avant qu'le partage
Se face en ligne
La vie avant qu'le vide ne devienne palpable »

Dans Flash Back, je me remémore plein de souvenirs de mon enfance, avant la musique, etc. J’me rappelle, avant l’omniprésence des ordinateurs dans nos vies. Avant que les gens ne vivent leurs émotions via leurs statuts Facebook #sad. Aujourd’hui, lorsqu’on pense au mot partage, on pense à Facebook. Le cyber, le vide, est devenu presque tangible au détriment de l’importance qu’on accorde au concret, aux relations humaines en face à face.

4. Patte d’ours

« À l'intersection des vents
Loin d'la vente à pression
Et d'tes perceptions déviantes
Qui t'empêchent d'atteindre vraiment la perfection
D'être l'exception aimante
Sans qu'tes perversions t'étranglent
La réflexion déclenche une sensation étrange
Non loin de l'érection »

Dans Patte d’ours, je fais une espèce de survol du globe et de l’impact de l’humanité sur la vie terrestre. Dans ce passage, j’explique que l’expérience de nos sociétés nous amène à oublier notre vrai nature intrinsèque. Nos perversions acquises au fil du temps nous empêchent d’atteindre notre plein potentiel. Au final, réfléchir et prendre conscience de son pouvoir sur sa condition procurent une satisfaction équivalente à l’orgasme.

5. Immobile

« Stay true
Faithfull
But do You really know
Who to relate to?
Sous les coups
Sur les joues
Tous les jours
Y'en a qui prennent toutes sortes de détours
On dirait qu'ils s'dédoublent
Qu’ils déjouent l'temps »

Plusieurs disent qu’ils restent vrais parce qu’il sont fidèles à une idéologie ou une autre mais ils ne font pas la part des choses et ne mettent presque rien en doute lorsque vient le temps de la remettre en question. Être vrai, selon moi, ça devrait être au contraire de toujours se remettre en doute et non pas de porter allégeance les yeux fermés à des modes, partis politiques, religions ou autres. Je termine le passage en faisant allusion aux sacrifices invisibles que plusieurs personnes font pour réaliser leurs rêves. Souvent les gens parlent de chance lorsque quelqu’un réussit. En général, ceux qui réussissent trouvent différentes alternatives et font des choses que les autres ne voient pas ou ne sont pas prêts à faire. Les heures d’investissement, le sommeil presque inexistant, les choix financiers, etc. Pour ma part, j’ai dû me dédoubler et déjouer le temps en travaillant 40 heures/semaine de nuit tout en retournant aux études à temps plein de jour en plus de mettre sur pied ma maison de disque simultanément.

Page d'accueil