Il y a quelques semaines, nous avons rencontré le duo Seba et Horg, qui a récemment fait paraître un premier album et, surtout, fait son entrée au 6 à 6 de CKOI. Les deux vétérans vivent donc présentement le rêve de tout bon rappeur québécois. Discussion à propos de la démarche des deux principaux intéressés.

« Je répète depuis des années aux rappeurs avec qui je travaille en studio qu'avant même d'écrire ta première toune, tu dois te demander qui tu es, à qui tu t'adresses et quel est ton message », avoue d'emblée Dj Horg, qui est actif dans la scène hip-hop depuis plus de 20 ans. Il faut dire que Félix-Antoine Leroux, de son vrai nom, se sent trop vieux pour le rap game.

« Notre démarche par rapport à beaucoup d'autres rappeurs québécois, c'est qu'on a décidé de ne pas s'adresser au public hip-hop. Je pense que le hip-hop n'est plus intéressé à ce qu'on a à leur raconter. Il y a 20 ans, je les rejoignais, mais plus je vieillis, et plus que je suis décalé par rapport au public hip-hop. On est deux gars de 40 ans. On peut pas s'adresser aux jeunes fans de 20 ans. On a l'âge de leurs parents. », note le producer que le public a entendu rappé pour la première fois en 1999 avec Cavaliers Noirs.

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« Il faut aussi que tu trouves ton unicité. Anodajay, c'est un rappeur de région et il dit qu'il vient du bois. Il y en a combien avant lui qui faisaient semblant de venir de la ville? », demande le producer.

« Ce qui m'a toujours fait peur dans le rap game, c'était d'avoir joué dans Watatatow. Ça m'a bloqué longtemps. Ça me suit encore aujourd'hui. C'est pour ça que les premières lignes de notre single, c'est : Bérubé de Watatatow pis le gars de Gatineau. On dit ce que c'est. On ne laisse pas la rime nous amener ailleurs. » explique Horg. « Seba a une chanson qui s'appelle Rappeur chauve. Il y a trois 16 barres sur le fait qu'il perd ses cheveux. J'ai fait écouté ça à d'autres rappeurs qui m'ont dit que ça fait 15 ans qu'ils essaient de le cacher. » avoue Dj Horg, en prenant soin de taire les noms de ses collègues

« On se présente comme le gars qui prend l'autobus et qui va au magasin à une piastre. Roi Heenok a honte des rappeurs qui prennent l'autobus, nous, on en est presque fiers. C'est notre réalité. Ça fait trop longtemps qu'on croit plus au Père-Noel pour faire accroire des affaires. Tout le monde va au Dollorama. On vend pas du rêve. » déclare Horg.

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« Mes cousins qui ont mon âge ont aimé le rap québécois quand ils étaient jeunes. Maintenant, ils ont vieilli. Faut que tu leur parles à ce monde-là, ils aiment encore le rap, mais ils vont pas se forcer à aller écouter le rap si tu ne leur parles pas directement. », poursuit-il. « On se dit même qu'on pourrait écrire une toune qui parle d'avoir une hypothèque. », enchaîne Seba, le rappeur du duo. « Moi, j'ai toujours écrit pour Kevin dans le fond du 16e rang à St-Julienne. J'aime pas ce terme-là, mais je m'adresse au peuple. Pis souvent, ça marche, il y a des gens qui viennent me voir et qui me disent : j'aime pas le rap, mais j'aime ce que tu fais. », déballe fièrement le rappeur qu'on a entre autres connu grâce à la formation Gatineau.

« Ça fait 20 ans qu'on entend parler qu'il y a pas de hip-hop à la radio commerciale. Nous autres, on sort notre deuxième toune pis on passe direct à CKOI. En ce moment, on joue 3-4 fois tous les jours. Le pire, c'est que c'est un buzz monté par le public. On rejoint du monde avec cette toune-là. », observe celui qui a dépassé le 1.5 million d'écoutes Facebook avec Vintage à l'os. « La semaine passée, j'ai été mangé au Normandin pis juste avant de partir, il y a deux vieilles madames qui parlaient de Terre humaine. J'suis allé leur rapper le deuxième verse de la chanson. Elles avaient 71 et 82 ans, pis elles ont vraiment aimé ça. », conclut Seba.

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Bref, on ne sait pas si le duo a réellement trouvé la formule pour passer à la radio commerciale, mais il faut dire que c'est effectivement très efficace. Et si les rappeurs qui passaient au studio de Dj Horg l'écoutaient un peu plus?!

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