Le Festival de Musique Émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME) est depuis dix-sept ans un endroit idéal pour découvrir les prochains artistes de l’heure, mais aussi pour redécouvrir des vétérans qui prouvent qu’ils ont toujours leur place alors que la scène musicale évolue à une vitesse inouïe. C’est le cas de Souldia, qui est passé par Rouyn vendredi dernier afin de poursuivre sa tournée Survivant qui fait suite à l’album du même nom, paru en octobre 2018. On l’a croisé lors de son arrivée sur le site du FME afin de prendre de ses nouvelles avant son show.

L’Abitibi, terre d’accueil

Constamment sur la route, l’infatigable MC a fait de l’Abitibi un arrêt obligatoire lors de ses séries de concerts: « L’Abitibi est souvent au sommet de la liste quand on organise les tournées parce qu’il y a un gros crowd très réactif, explique Souldia, que ce soit à Rouyn, à Val d’Or ou à Amos. »

Déjà présent au FME pour la sortie de son album Krime Grave en 2014, la figure de proue de l’étiquette Explicit Productions revenait en grand cette année pour un concert sold out au Petit Théâtre du Vieux Noranda, juste après le spectacle de Loud sur la scène principale de la 7ème rue. Une chose est sûre, Souldia était définitivement prêt à accueillir les spectateurs qui cherchaient un peu de chaleur dans la nuit froide de l’été témiscabitibien.

« Je suis en feu, s’exclame le MC de la Capitale-Nationale. En plus, on joue après Loud, donc je pense que les gens vont venir chiller avec nous après son show pour se réchauffer un peu, parce qu’il va faire chaud dans le Petit Théâtre du Vieux Noranda! »

Le rappeur aura tenu promesse, alors que la foule compacte entassée dans la salle adjacente au site principal du festival a vibré du début à la fin du concert avec un Souldia qui était définitivement en terres connues. D'ailleurs, beaucoup de ses fans n'étaient pas des festivaliers du FME alors que plusieurs spectateurs achetaient des billets à la porte.

« C’est fou parce qu’on était à Rouyn il y a juste cinq mois, dit-il avec un brin de surprise, là on revient dans la même année, et je fais rarement ça, revenir dans une ville deux fois dans la même année. Je trouve que ça fait beaucoup! (rires) Mais quand la demande est là, pis qu’on affiche complet, on a pas le choix. »

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La tournée avant l’album

Constamment aux quatre coins de la province pour donner des spectacles, Souldia est tellement pris par la vie de tournée qu’il a même dû repousser la sortie d’un album initialement prévu pour l’automne.

« On a fait tellement de dates de show cette année que, finalement, on ne sait pas quand on va sortir l’album, avoue-t-il, mais sûrement pas avant 2020. »

Si cet album tarde à voir le jour, ce n’est par contre pas dû à un manque d’inspiration. Plus confortable que jamais dans ses choix musicaux, on a découvert un Souldia en plein renouveau sur ses deux derniers singles, Nouveau Soleil en compagnie d’Eman et de FouKi, et puis Barillet, sorti vendredi dernier tout juste avant son spectacle au FME.

Un renouveau sur fond d’unité

On entend sur ces deux morceaux un rappeur au style plus aérien complètement assumé, qui gagne en musicalité ce qu’il perd en intensité pure. En phase avec son époque, c’est justement ce qui s’avère être la plus grande qualité d’un artiste qui sait rester pertinent à travers l’évolution du rap québécois. Tout ça se confirme lorsqu’on regarde les collaborations de Souldia depuis deux ans: Enima, Dawa Mafia, Izzy-S, 5sang14, Naya Ali, etc. Le rappeur se reconnaît définitivement dans ce courant que certains qualifient comme le nouveau street rap québécois.

« Ce sont tous des artistes que je respecte beaucoup, explique-t-il, alors c’est sûr que ça me motive de travailler avec eux! Ce que je trouve hot dans la musique, c’est d’être intemporel, et la direction que ces artistes prennent me rejoint beaucoup. Je trouve ça cool parce que les artistes avec qui j’ai envie de travailler ont aussi envie de travailler avec moi. Ça prouve que ce que j’ai accompli pendant toutes ces années, c’est du bon travail qui paye encore. Maintenant, on a notre niche, que les gens ont étiqueté comme étant du street rap, la niche grandit, pis tout le monde peut apprendre des autres, alors c’est cool de trouver des affinités avec certains artistes qui arrivent et qui m’inspirent. »

Après plus de dix ans dans le rap québécois, on sent chez Souldia un besoin de rassembler les gens, mais aussi de créer des liens entre les artistes qu’il affectionne et son auditoire. On peut notamment penser à Naya Ali, qui l’a rejoint sur scène pour un remix de sa chanson Get It Right, qui met également en vedette MB. Alors que le mélange entre le rap cru francophone de Souldia et la prose anglophone d’Ali pourrait surprendre, le rendu est naturel et plus à jour que jamais.

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2 pirates 🏴‍☠️ @nayaalitheoriginal !! #getitright #nayaali #fme

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Tout ça part de l’amour que le rappeur porte au rap d’ici: « je suis le genre d’humain qui n’est pas jaloux des autres, avoue Souldia. Si j’entends une bonne chanson, je suis capable de dire “cette personne-là est fucking bonne, c’est débile” et ça peut me donner envie de travailler avec elle. C’est peut-être pour cette raison que j’avance beaucoup en peu de temps. »

Tout pour la famille

À travers toutes ces collaborations, dur de passer sous silence l’annonce récente d’une suite à Amsterdam, un album en compagnie de Rymz paru en 2016 qui avait marqué le rap québécois. S’il est impossible de dire quand le projet verra le jour, les fans des deux artistes démontrent déjà un fort engouement sur les réseaux sociaux.

D’ici là, on peut souhaiter à Souldia une tournée réussie, et surtout, la chance de déconnecter un peu et de passer du temps en famille.

« En tournée, c’est sûr que je manque quelques moments avec ma famille, mais quand je reviens, je m’assure de passer un maximum de temps avec eux. Je suis vraiment un gars de famille, alors après une série de shows, je ferme mon téléphone et je profite du temps avec mes enfants et ma femme. »

Photo à la Une : Instagram (@soldatexplicit)

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