Sainte-Foy n’est peut-être pas un album rap. C’est un album de jazz, de soul, de pop, de dancehall, de musique africaine… et de rap. Mais, selon KNLO, y’a rien de plus hip-hop que ça. Citant les pionniers du genre, dont Afrika Bambaataa, il explique que les premières heures du hip-hop étaient éclatées et plongées dans l’expérimentation, l’hybridation des genres.

Pour ce leg éclectique, il est reconnaissant. Mais avec les immenses habiletés de beatmaker qu’on lui connaît, on se doute qu’il amène ce bagage ailleurs. Cet « ailleurs », c’est le sommet de la vague hip-hop actuelle. Quand on dit que le hip-hop québécois n’a jamais été aussi créatif que ces temps-ci, le nom de KNLO devrait être cité en tête de liste.

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Il apporte cependant une nuance importante : Sainte-Foy, c’est une oeuvre collective à laquelle une grosse dizaine de collaborateurs et collaboratrices ont participés, dans le même type d’esprit de collectif artistique qui habite Alaclair ensemble.

Ses partenaires du A High sont là, en partie. Louis-Nicolas Imbeau alias Vlooper participe à la composition de trois pièces et signe la réalisation de l’album. Eman est là aussi. Parmi les autres artistes qui participent, on compte Modlee, Dr. MaD, Micro, Steeve Beezy, Guillaume Tondreau et Jean-Michel Frédéric.

Mais ses plus précieux collaborateurs sont probablement ses proches, sa propre famille, c’est-à-dire sa blonde, Caro Dupont - musicienne dont le talent doit absolument être souligné - et Asami Okoko, son frère aîné. Ce dernier a été impliqué dans le monde du hip-hop fin 90/début 2000.

Cet aspect familial se ressent dans la musique et dans les textes, plus introspectifs, dans lesquels KNLO parle avec une simplicité imagée de son quotidien, de ses todo lists à son déménagement de Hochelaga vers Sainte-Foy.

De retour dans son fief natal de Québec, il a pu reconnecter avec beaucoup de gens, notamment en voyant ses parents plus souvent, en revoyant de vieux amis, dont certains qui ont purgé de longues peines en taule ou d’autres qui ont réalisés de beaux projets. Ça a nourri plusieurs réflexions chez lui. Ainsi, il lance un regard vers l’arrière, notamment sur Cool Cool Pt. 1 et 2. Son enfance, son cousin Franklin, son premier show à Montréal en 2005… Puis il nous ramène dans le présent et ses parfois plates nécessités : « Pour ramener du pain s’à la table, ça prend une table, na? ».

Est-ce qu’il s’éloigne des thématiques hip-hop conventionnelles? Pentoute, qu’il dit. Le hip-hop, ça a toujours été de raconter la réalité. Il ne va pas s’en inventer une.

Sa réalité, c’est aussi de faire la musique tous les jours, ou presque. « J't'avec VLoop dans l'studio / Tous les soirs, chaque soir », qu’il disait sur la pièce 0 à 120 de l’album Le sens des paroles d’Alaclair. C’est un fait.

De ces sessions, il a récolté une collection de pièces créées au cours des deux dernières années. Une fois rassemblées, retouchées, arrangées, les pièces ont été soumises au boss, Steve Jolin de 7ième Ciel records, qui laisse une entière liberté de création à KNLO.

Sainte-Foy, c’est grosso modo l’histoire d’un retour aux sources projetée dans le spectre ultra-créatif d’Akena Lohamba Okoko, l’une des plus grandes richesses musicales au Québec, hands down.

Crédit photo : Laurence Dauphinais

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