Surhomme, le deuxième album de Lary Kidd, sera présenté aujourd’hui en bonne et due forme lors d’un lancement aux Foufounes Électriques.

Avec ce nouvel opus, le rappeur signe son retour deux ans après un premier effort en solo. En 2017, l’ex-LLA présentait effectivement Contrôle, un album dark et presque expérimental qui a bénéficié d’un succès plutôt timide. Lary Kidd nous a habitué à des oeuvres profondes. C’est pourquoi ce nouvel album méritait une écoute attentive. Tour de piste.

Lary Kidd - Surhomme

Contrairement à Contrôle, dont la production a été confiée à de nombreux beatmakers, la réalisation complète de Surhomme a été remise à deux maîtres d’ici, Ajust et Ruffsound, réalisateurs de disque de l’année 2018 selon l’ADISQ. Le produit est alors plus fignolé et, pour reprendre les mots du rappeur, digeste.

Non, Lary Kidd n’est pas aussi « expérimental » sur ce nouvel album. Surhomme demeure toutefois sombre comme son prédécesseur. Le rappeur arrive à peindre un portrait du monde, souvent triste, et se confère même un côté social. À certains moments, il livre un rap engagé, sans en avoir la prétention ou en tout cas la volonté.

Tout cela s’exprime lorsqu’il conçoit la misogynie derrière chaque homme, qu’il rappelle le côté humain des « quêteux qui puent » et qu’il dénonce la répression ou la brutalité des agents de la STM. L’observation est pour le moins pertinente.

En solo ou encore avec LLA, le MC a toujours craché un cocaine rap bien assumé. Ici, il n’a rien perdu de son amour pour la fête. Une pièce comme Mal élevé prouve  que Lary Kidd assume toujours sa « diète » de drogues et de « tequila-lime ».

Coup-vent Columbia traduit un élan de nostalgie. Aux côtés de 20some, il raconte l’adolescence du début des années 2000, en ce temps-là fans de skateboard ou de turn up dans les parcs.

La passion pour son art se reflète bien sûr pendant Surhomme. Au travers d’extraits de SP et de références à Rainmen, Lary Kidd démontre sa compréhension de l’écriture hip-hop. Au passage, il parle de sa consécration dans la game. « Mes modèles de l'époque m'idolâtrent aujourd'hui », avance-t-il. « Qui l'aurait cru? », se demande ensuite le rappeur lors d’une montée de brag rap plutôt légitime.

Sur les dernières notes de l’album, Lary Kidd affirme — peut-être ironiquement — ne « susciter aucun engouement », mais le rappeur qui fait ce soir salle comble aux Foufounes Électriques, en plus de s’offrir un Club Soda en supplémentaire le 6 mars 2020, sera fort probablement capable d’attirer l’attention vers sa musique dans les mois à venir. Un rap bien exécuté, qui bénéficie d’un propos aussi intelligent, mérite même l’écoute des néophytes.

Photo à la Une par Susan Moss

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