Malgré la popularité du genre, peu de festivals au Québec se concentrent exclusivement sur le hip-hop. Bien sûr, il en existe plusieurs comme le Hip Hop You Don't Stop ou encore le Under Pressure. Nous avons aussi maintenant le Métro Métro, qui proposait dès sa première édition en 2019 une impressionnante programmation avec Cardi B, Future, Juice WRLD ainsi que plusieurs rappeurs locaux tels que FouKi, White-B, Tizzo ou Enima. De plus, nous pouvons certainement considérer le OUMF, un festival soulignant la rentrée scolaire, comme un événement à vocation hip-hop. Avec ses block parties et sa programmation qui met l'avant en grande majorité des artistes du genre, OUMF est effectivement devenu un incontournable pour les amateurs de musique rap.

Avec l'explosion du style, il était évident que d'autres programmateurs allaient mettre la main à la pâte. C'est ce qui est arrivé en mai dernier alors que le diffuseur [co]motion a annoncé la création d'un « laboratoire » à Laval. Bien plus qu'un festival, LVL UP, de son nom, est un événement novateur qui mêle les arts numériques à la musique urbaine.

Le programmateur musical de l'événement, Steve Marcoux, considère la musique urbaine comme « l'outil idéal » pour animer la vie culturelle puisqu'elle « arrive à une certaine forme de maturité ». Il vise d'ailleurs un public fan de rap.

On le remarque rapidement lorsqu'on regarde les références dans le nom des activités proposées ou encore de l'événement. LVL UP, pour level up, est un terme très souvent utilisé dans le milieu. C'est connu : dans le hip-hop, tous les acteurs cherchent à step up, c'est-à-dire à passer au niveau supérieur. C'est d'ailleurs le slogan du festival laboratoire (Et si on passait au niveau supérieur?). Il y a aussi les ateliers intitulés les Grandmaster Classes, titre inspiré par le pionnier Grandmaster Flash. Bref, tout est fait pour attirer l'intérêt des adeptes.

Une programmation béton

L’affiche est suffisante pour constater que LVL UP n’a rien à envier à ses « compétiteurs ». En effet, un nom comme Lauryn Hill ne peut pas passer inaperçu sur une programmation. Surtout lorsqu’il est supporté par des légendes comme Eric B. & Rakim. Un booking complètement épique que personne ne s’attendait à voir en 2019.

À cela s’ajoute une programmation gratuite et extérieure avec Rymz, High Klassified, Dead Obies, Obia le Chef, Wasiu, Benny Adam, KNLO, l’orchestre hip-hop Urban Science Brass Band et plusieurs djs intéressants comme les RapMommies et Dj Kelly. Des noms qui fouleront le «village» urbain improvisé sur le parvis de la Place Bell.

Durant cette programmation gratuite, les festivaliers seront aussi invités à participer à l’expérience GrosJoueurs, un incontournable du jeu vidéo qui marie hip-hop et numérique. GrosJoeurs est notamment derrière une version rap queb du jeu Dance Dance Revolution. Un détour à leurs installations s’impose définitivement pendant le LVL UP.

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LVL UP présentera également la finale nationale d’End of the Weak. Une compétition qui touche à tous les aspects du MCing. L’événement, qui roule depuis 2012 au Québec, ne pouvait pas mieux choisir comme vitrine cette année.

Des spectacles uniques

Si le spectacle de Lauryn Hill et Eric B. & Rakim à la Place Bell et la programmation gratuite ont tout pour plaire aux festivaliers, c’est décidément les spectacles à L’Annexe3 de la salle André-Mathieu qui font de ce laboratoire un endroit exclusif.

En bref, LVL UP présente trois soirées durant lesquelles des rappeurs seront jumelés à des créateurs d’ambiances de scène et de projections. Sarahmée, Zach Zoya, Koriass, LaF, FouKi, Tizzo et White B se prêteront au jeu.

Par exemple, VJ VINO devra partager la scène avec Koriass, Zach Zoya et Sarahmée. VINO est un passionné de l’art visuel numérique. Il programme lui-même la majorité de ses projections qui sont décrites comme colorées et extravagantes grâce au logiciel TouchDesigner. Il joue aussi dans l’espace 3D où des visuels excentriques prennent une dimension immersive et surréaliste.

Habitué de l’univers hip-hop, il a déjà conceptualisé et construit les scènes pour Joe Rocca et la tournée du plus récent album de Dead Obies en 2019.

D’autres artistes visuels devront offrir un décor spécifique aux rappeurs participants, dont White-B et FouKi. C’est le cas de BOYCOTT qui se concentre sur l’espace négatif, les installations à grande échelle et les couches ou encore BUN BUN, une créatrice montréalaise qui travaille la lumière et diffuse des projections en direct.

Bref, LVL UP présentera des spectacles de nos rappeurs préférés avec une approche bien précise que nous ne pourrons pas voir ailleurs.

Des classes hip-hop avec les professionnels du milieu

Si LVL UP est bien plus qu’un festival, c’est aussi grâce à plusieurs ateliers et conférences présentés en début de journée le jeudi et le vendredi avec des pros de l’industrie hip-hop. Ce sont les Grandmaster Classes qu’on parlait un peu plus tôt. Ils mettront en lumière les connaissances de Carlos Munoz (Joy Ride Records), Steve Jolin (7ième Ciel Records), Jérémie McEwen (auteur du livre Philosophie du hip-hop), Webster, Koriass, Tizzo ou encore Ruffsound.

Par exemple, Carlos Munoz et Steve Jolin s'allieront pour la conférence 2019, l’année des records pour le hip-hop. La suite, c’est quoi? durant laquelle ils feront l'état actuel de la scène hip-hop au Québec. Webster offrira son habituel atelier d’écriture hip-hop. Jérémie McEwen, quant à lui, parlera de philosophie avec Tizzo alors que l’auteur de Philosophie du hip-hop tentera d’analyser l’univers du rappeur en sa présence. Puis, Ruffsound dévoilera tous les secrets du beatmaking en compagnie Widney Bonfils de la SOCAN, un visage bien connu du milieu.

Tout cela s'ajoute à ce qu'on trouve normalement dans un « vrai » festival : des foodtrucks et de la bière. Bref, c'est au rendez-vous du 19 au 22 septembre prochain à Laval, à deux pas du Métro Montmorency.

Photo à la une : Myriam Ménard (HHQc.com)

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