Quel est le meilleur album rap québécois de tous les temps, demande QUB musique, la nouvelle plateforme de Québecor. La question n’a jamais vraiment fait l’objet d’une enquête moyennement sérieuse ou approfondie dans les médias, dit-elle.

Pour corriger la donne, QUB Musique a sondé une douzaine d’acteurs importants de la scène hip-hop locale, dont Koriass, FouKi, Imposs, Obia le Chef, le journaliste Riff Tabaracci, le rédacteur en chef d’HHQc.com ou encore les producteurs Steve Jolin (Disques 7ième Ciel), Carlos Munoz (Joy Ride Records) et Rafael Perez (Joy Ride Records, Coyote Records). Le tout a été placé en ordre décroissant de mentions (et en ordre chronologique lorsque le nombre de mentions est le même). Voici les cinq premier résultats.

Sans Pression - 514-50 dans mon réseau (1999)

Avant d’entendre ça, je rappais avec un accent français, car c’est le seul rap dans ma langue que je connaissais. Je n’avais pas la notion d’identité québécoise. De voir SP arriver avec un joual aussi assumé et des sacres dans ses verses, ça m’a marqué.

  • Koriass

Rien de moins qu’un tour de force. La qualité des prods de l’album, majoritairement signées par Stratège et RayRay, a permis au rap d’ici de s’inscrire avec brio dans la mouvance hip-hop east coast de la fin des années 1990.

  • Olivier Boisvert-Magnen, alias Riff Tabaracci

Muzion — Mentalité moune morne... (Ils n’ont pas compris) (1999)

Pour moi, c’est le premier album de rap de Montréal, celui qui fait le mieux le pont entre le street rap et le rap engagé ou conscient. Je l’avais acheté au HMV et je lisais les lyrics qui, au début, m’apparaissent comme des hiéroglyphes. Je ne les comprenais pas, mais à force de les lire et de les écouter, j’ai compris que ces personnes-là étaient des poètes. Ce sont eux qui m’ont inspiré à rapper en français.

  • Obia le Chef

Un album qui a grandement contribué à l’héritage du hip-hop québécois. Il a mis un frein à la vague de rap formaté qui l’a précédé pour instaurer une nouvelle esthétique plus cinglante, en partie basée sur des thématiques profondément mélancoliques et une direction musicale plus sombre, ponctuée de références à la musique haïtienne (La vi ti neg) et d’expérimentations hip-hop inspirées du dirty south (Lounge with Us).

  • Olivier Boisvert-Magnen

Manu Militari — Voix de fait (2006)

Entre BBT, le 83, Iro Productions et le rap de guitare, le rap québécois de la décennie 2000 est un peu weird... Mais à travers ça, y’a un gars qui a pris sa place, et c’est Manu Militari. Voix de fait, c’est un chef-d’œuvre: les prods sont lourdes, et il se place au-dessus de tout le monde avec ses paroles. Il a un style storyteller à la Scarface avec des textes très peaufinés.

  • Carlos Munoz

Voix de fait a provoqué un électrochoc. Autant son approche rude que sa poésie coup-de-poing et le flow intraitable de Manu ont contribué à donner un nouveau souffle à la scène rap d’ici.

  • Olivier Boisvert-Magnen

Loud - Une année record (2017)

La production de Ruffsound et Ajust là-dessus... Ouf! Les gars ont réussi à intégrer les codes de base du hip-hop actuel et à les amener plus loin. Loud a ce don de rendre simple quelque chose de super complexe. Chaque phrase a un double sens. C’est incroyable.

  • Imposs

J’aime comment Loud écrit. En tant qu’artiste, ça me challenge, car ça me pousse à travailler plus fort. Y’a des beats qui m’ont surpris là-dessus. Un rare album rap à avoir parcouru des chemins encore inexploités au Québec.

  • Sarahmée

Dubmatique — La force de comprendre (1997)

Dubmatique a pris le taureau par les cornes et a osé faire du rap en français, à une époque où tout se passait pas mal en anglais ici.

  • Carlos Munoz

Pour voir la suite, incluant des albums d’Yvon Krevé, Atach Tatuq, Rainmen ou encore la compilation Berceau de l’Amérique vol. 1, c’est par ici.

Photo : Archives Yvon Krevé

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