Les 19 et 20 octobre prochains, le collectif Tout le hood en parle organise le TLHEP Fest à Montréal. En effet, le collectif qui met de l'avant les témoignages, les histoires et les cultures de personnes racisées prépare un événement de deux jours au Ausgang Plaza.

Le dernier jour de l’événement, un spectacle hip-hop de clôture est présenté avec des invités surprises. Une discussion autour de l’épineux débat sur l’appropriation culturelle est également au programme.

Qu’est-ce que l’appropriation culturelle?

En 2018, plusieurs événements ont remis la question de l’appropriation culturelle dans le débat public, dont l'annulation du spectacle SLĀV, de Robert Lepage, au Festival International de Jazz de Montréal ou encore l’exclusion de l’humoriste Zach Poitras à deux soirées présentées à La Coop les Récoltes. Le débat fait apparemment rage dans le milieu hip-hop d’ici. C’est pourquoi le collectif Tout le hood en parle veut aborder la question.

Selon Wikipedia, l’appropriation culturelle désignait originellement l'utilisation d'éléments d'une culture par les membres d'une culturelle jugée « dominante ». Une définition qui concorde relativement avec celle de Webster, rappeur et militant antiraciste, questionné pour l’occasion. Pour lui, il y a également une question de faire un profit par rapport à la commercialisation de ces éléments ou de ces codes culturels-là. Il y aurait appropriation culturelle lorsqu’on monnaye les éléments d’une culture à laquelle on n’appartient pas. En ce sens, il ne considère pas que les rappeurs blancs font de l’appropriation culturelle puisque ce sont des gens qui connaissent et vivent le hip-hop. « Ils ont le respect. Ce n’est pas comme s’ils faisaient semblant d’être des rappeurs pour faire de l’argent », explique celui qui vient de faire paraître l’album Webster & 5 For Trio, présentement en nomination pour l’Album rap/hip-hop de l’année au GAMIQ 2019.

Le panéliste Kevin Calixte, qui participe à la discussion L’appropriation culturelle dans le rap québécois, a un tout autre avis sur le sujet. Une tonne d’exemples lui viennent à l’esprit lorsqu’on lui demande s’il y a de l’appropriation culturelle dans le milieu hip-hop au Québec. Rapidement, il pense aux Anticipateurs. L’animateur du podcast Rapolitik considère que le groupe capitalise sur une culture sans en donner les vraies références et sans même en faire partie. Selon lui, ils se servent des stéréotypes en utilisant, par exemple, le wave cap qui n’est pas destiné au style, mais plutôt à protéger les cheveux. « Ce n’est vraiment pas adapté aux cheveux de caucasien », avance-t-il.

De son côté, l’organisation constate qu’il y a bel et bien de l’appropriation culturelle dans le rap québécois. « Cette culture-là, elle appartient à tout le monde. On veut juste que chaque personne puisse s’exprimer sur la question », explique Awa (nom fictif), une membre du collectif, joint par téléphone avant la tenue de l’événement. Elle affirme que certains rappeurs seraient profondément touchés par l’appropriation culturelle. Toutefois, ils ne veulent pas être associés au panel parce qu’ils croient que ça peut avoir des répercussions sur leur carrière.

Tanné des « discussions dans les corridors »

Le collectif Tout le hood en parle organise ce panel pour offrir une plateforme public et d’en soutirer des discussions intelligentes. « On est tanné d’entendre des discussions dans les corridors qui mènent à rien. Le monde fait juste chialer, regrette la membre du collectif. On veut juste publiquement nommer la chose. Ce n’est pas nécessairement un truc de critiques. On ne veut pas envoyer des shots au rap québécois, indique Awa. Je veux qu’on définisse qu’est-ce que la réappropriation culturelle et qu’on se demande qu’est-ce qu’on peut faire pour travailler tous ensemble. C’est un regard vers l’avenir », conclut-elle.

La solution selon la membre du collectif? Rester soi-même. Il suffit de voir maintenant ce que les autres panélistes auront à dire sur le sujet. L’ex-rappeur Don Karnage, l’animateur Kévin Calixte (Rapolitik, Keke Show) et le chroniqueur hip-hop ASMA (HHQc.com, Urbania Musique et Ghetto Érudit) seront à la table afin de faire consensus.

La discussion L’appropriation culturelle dans le rap québécois se tiendra ce dimanche 20 octobre à 17h00 au Ausgang.

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