Le programme Révélations de ICI Radio-Canada récompense depuis 2008 les nouveaux talents québécois pour leur permettre d’accélérer leur éclosion aux yeux du grand public. Jusqu’à maintenant, les artistes étaient séparés en quatre catégories: classique, musique du monde, chanson et jazz. Cette année, la Première Chaîne ajoute une nouvelle catégorie avec le rap. C’est ce mercredi qu’était annoncée cette nouvelle, ainsi que son premier récipiendaire: le montréalais Raccoon City. Entrevue téléphonique avec le rappeur.

Une arrivée en force

Depuis un an, Raccoon continue à s’affirmer comme un nom à retenir sur la scène du rap queb. D’abord connu à travers les WordUP! Battles, il sort la mixtape Mettre Les Gants, Tuer Le Croc-Mitaine en mars 2019 et démontre dans ce projet un potentiel impressionnant. Le flow est fluide, les bars sont bien écrites et il semble qu’on ait à faire à un surdoué du rap.

Tout s’accélère ensuite très vite pour celui qui cite Nekfeu ou Loud comme influences. Plusieurs battles réussis, une signature avec le label Rico Rich/Disques RER, un clash pour le titre contre Freddy Gruesum au 10ème anniversaire des WORDUP! Battles, la sortie de son album Gentil pour un noir il y a tout juste six mois et finalement un single réussi avec Osée en avril. Ce mercredi, il est nommé première révélation rap de l’histoire de Radio-Canada. Ça fait pas mal de choses en un an, non?

À voir : Le rappeur Raccoon City signe un retour mélodieux sur « Osée »

« C’est gros quand même! » avoue-t-il avec engouement au bout du fil. « C’est vraiment comme un stamp culturel. Mais ce que j’ai fait depuis un an, je le vois comme des baby steps, je suis encore en mode découverte, à mes débuts. »

Être soi-même

Raccoon City décrit son premier album Gentil pour un noir comme une présentation, et force est d’admettre que la présentation à su convaincre le public comme la critique. Il faut dire que le rappeur, de par sa jeunesse, son identité et son bagage culturel, a de quoi plaire à de nombreux types de fans de rap.

D’ailleurs, Radio-Canada explique bien cette identité plutôt unique dans son annonce: « Vibe haïtienne, flow américain, raffinement textuel européen : Raccoon rapatrie la diaspora et la mixe en une onde de choc colorée et puissante. »

Cette force d’amalgamation se ressent constamment dans le rap du MC, qui allie donc textes réfléchis et refrains accrocheurs. Alors qu’on cherche beaucoup à segmenter la scène locale par courants, qu’on parle de rap gentil, de street rap ou de rap pop, Raccoon vient rassembler toutes ces étiquettes pour en faire sa marque de commerce.

« Je pense que je suis un peu tout ça, finalement, explique-t-il, parce que je suis vendu au rap. J’aime tout du rap. J’aime autant les refrains chilleurs de FouKi qu’un couplet de MikeZup. Donc finalement c’est ce que j’essaie de montrer dans ma musique aussi. Je veux parler aux gens qui écoutent tout comme moi, pour vraiment représenter ce métissage culturel. »

Combiner les petites victoires

S’il parle de son parcours comme une « série de petites victoires », c’est qu’on sent chez le rappeur de 23 ans un désir de s’imposer sur le long terme, de marquer son époque. Pour celui qui, un peu comme Loud qu’il apprécie beaucoup, a connu une année record pour un jeune de la relève, les nombreuses accolades qu’il reçoit depuis un an le poussent à viser haut.

« Ça me pousse à vouloir faire un Centre Bell moi aussi! » dit-il en riant mais avec une réelle intention. « Je veux vraiment continuer à faire grandir ma musique, à faire grossir mon public pour montrer aux gens qui je suis, parce que je pense que je peux convaincre. Alors je travaille fort, et j’espère continuer ce parcours si positif jusqu’à maintenant pour le pousser le plus haut possible. »

Si le Centre Bell est encore loin, l’entrée en force de Raccoon City dans le rap queb mérite le respect. Aujourd’hui, c’est donc le plus gros média de la province qui lui en accorde une dose supplémentaire. Une dose bien méritée.

Photo : Gracieuseté ICI Radio-Canada

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