Plus tôt cette semaine, POP Montréal a annoncé la tenue d'un événement, en collaboration avec HHQc.com, à propos de l'histoire de la musique rap au Québec. Un panel qui veut faire la lumière sur une scène dont les pionniers locaux auraient été ignorés. Pour ce faire, une discussion est organisée au Théâtre Rialto avec des acteurs présents dans la scène depuis un bon moment, soit Don H. Fils-Aimé, alias Don Karnage, l'animatrice Keithy Antoine, alias Lady Special K, et Sarel, une rappeuse qui a participé aux premiers albums de Rainmen.

Le panel est précédé de la projection de The Lost Tapes du Hip-Hop au Québec, un film de Will Prosper.

« Les racines du hip-hop québécois remontent à l’ère de la création du genre à New York. Cependant, la scène hip-hop nationale a été ignorée par les acteurs de l'industrie musicales québécoise et n'a jamais obtenu le soutien traditionnel qu'elle méritait », écrit-on sur l'événement Facebook de l'événement.

On soutient que le hip-hop est né lors d'une fête à l'extérieur d'un bloc appartement du Bronx en 1973 et qu'il serait sorti des appartements grâce à une coupure de courant qui a plongé New York dans le noir en 1977. Lors de cette panne, des milliers de boutiques sont saccagées et cela permet d’équiper de nombreux nouveaux DJ qui aident aussi l'apparition de nouveaux MCs. Deux ans plus tard, soit en 1979, le hit Rapper’s Delight de The Sugarhill Gang tourne sur les radios. Le rap est alors un genre à part entière.

Ces événements donnent un premier souffle au hip-hop qui s'installe peu à peu chez nous.

En effet, la culture s'est ensuite propagée au Québec dès la fin des années 1970.  Des fêtes hip-hop auraient été organisées entre 1977 et 1979 selon MC Flight alias Flight Almighty, un pionnier de la scène hip-hop de Montréal. Il s'agirait de block parties - nommés blockos - dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce et à Greenfield Park sur la rive-sud de Montréal. D'ailleurs, notre collaborateur Félix B. Desfossés possède des affiches de ces blockos, mais aucune date n'apparaît sur ces pièces de collections.

Cela a cumulé à des événements hip-hop à Montréal : Break Dance ‘84, par exemple, tenu le 24 février 1984 au Spectrum. Un événement majeur - sinon fondateur - pour la scène hip-hop montréalaise. Au même moment, des MC's s'activent sur la scène. La rappeuse Blondie B a d'ailleurs donné une performance dans le cadre du Break Dance ‘84. Plus tôt, en 1983, Wavy Wanda et Baby Blue, pionnières de la première génération de la scène hip-hop montréalaise, avouent qu'elles rappent depuis 5 mois lors d’une entrevue télévisée. Elles disent également avoir joué au Spectrum la semaine précédant cette prestation à la télé. C'est sans compter l'enregistrement des cypher live qui se déroulaient à l'émission de Mike Williams sur CKGM, diffusée dès le début des années 1980.

« Ces dernières années, les médias québécois se sont intéressés au hip-hop tout en ignorant ses pionnier·ère.s locaux·ales. Pour parler de la situation, des rappeur·se·s québécois·es pionnier·ère·s et issues de la relève discuteront de leur rôle dans l’évolution de ce genre musical dans la province ».

Si ces événements ont été médiatisés à l'époque, il est vrai que les médias généralistes au Québec ignorent très souvent les pionniers du genre. Il faut toutefois considérer les efforts de VICE-Québec et HHQc.com qui ont tenté de faire la lumière sur les acteurs d'une scène dont l'histoire n'est pas complètement écrite.

Le panel en question, Le Rap Keb, c’est qui?, qui aura lieu dans le cadre du festival POP Montréal, le 27 septembre 2019 à 14h00, est un autre exemple que la scène hip-hop tente de rectifier les choses. Saluons donc les efforts de Pop Montréal, mais surtout de Sarel, Don Harley Fils-Aimé ou encore Keithy Antoine qui est active au sein de la scène depuis le début des années 1990.

Photo : Keithy Antoine par Andy Voss Photography pour Souche Magazine

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