Plusieurs artistes et personnalités publiques ont été touchés lors d’une vague de dénonciations d’inconduites sexuelles en juillet dernier. Dans la foulée, quelques rappeurs ont fait face à des allégations. C’est le cas d’Obia le Chef et Maybe Watson, rappeurs et ex-battle rappeurs qui ont marqué l’histoire du WordUP! Battles en donnant le tout premier battle de la ligue. Pour rappel, les Disques 7ième Ciel ont annoncé la fin de leur collaboration avec Obia le Chef suite à une accusation de viol, alors qu'Alaclair Ensemble a fait de même avec Maybe Watson, dont les allégations ne sont pour le moment pas connues du public.

Alors qu'Obia le Chef a nié l’allégation dont il fait l’objet et que Maybe Watson a reconnu ses torts en s’excusant auprès des victimes sur les réseaux sociaux, WordUP! Battles a décidé de prendre une pause de 30 jours le 13 juillet dernier pour réfléchir à la suite des choses. Outre les deux rappeurs nommés ci-haut, c’est « un nombre inquiétant d'artistes ayant oeuvré ou oeuvrant dans [nos] cercles qui ont été dénoncés », notait le WordUP! Battles il y a quelques heures. Après une pause de 30 jours, l’organisation a annoncé une prolongation de l’arrêt de leurs activités jusqu’au 31 décembre 2020. Le WordUP! Battle maintient également la fermeture de leurs chaînes YouTube durant cette période de pause.

Dans la foulée, l’organisation invite « la communauté hip-hop, le Québec et toute la francophonie » à faire « preuve de solidarité en profitant de ce moratoire pour approfondir ses réflexions au sujet de la terrifiante ampleur du problème d'inconduites sexuelles et d'agressions sexuelles ». « C'est loin d'être uniquement le problème de quelques agresseurs et de leurs victimes, ça concerne notre famille, notre communauté, notre société», affirme l’organisation.

Le WordUP! Battles note également un « nombre aberrant de propos problématiques et dérangeants ayant été véhiculés par des artistes sur notre plateforme au fil des années ». Pourtant, le WordUP! semblait plutôt conscient de la nature des propos véhiculés par leurs participants. Un message d’avertissement s’affichait au début de nombreuses vidéos . L’animateur et co-fondateur de la ligue, FiligraNn, rappelait aussi fréquemment les « valeurs antisexistes » de l’organisation lors des événements. Malgré tout, cette vague de dénonciations qui a récemment secoué tout le Québec est venue mettre un frein à l’organisation qui a célébré son dixième anniversaire en novembre 2019.

À revoir : Le WordUP! Battles a célébré son dixième anniversaire au Bain Mathieu

« Prenons le temps de réfléchir au sexisme, encore très présent dans notre scène. Réfléchissons à la présence accablante de propos renforçant la culture du viol dans notre groupe de discussion Facebook. Questionnons-nous sur les impacts d'une masculinité toxique trop souvent présente dans le battle rap », de dire le WordUP! Battles dans une publication publiée sur les réseaux sociaux lundi.

La publication en question a généré plus d’une centaine de commentaires de fans et d’anciens participants. En bref, la prise de position actuelle du WordUP! Battles ne fait pas l’unanimité. Si certains sont d’accord avec cette pause de plusieurs mois, dont une majorité de femmes, d’autres notent une certaine hypocrisie ou même la fin de l’organisation. « Battle rap is dead », a affirmé le rappeur Skilz qui a affronté Maybe Watson lors de la quatrième édition de la ligue.
Tout compte fait, rien n’est pourtant clair sur l’avenir du WordUP! Battles, qui a toujours été contre la censure des propos lors des affrontements. Est-ce que l’organisation imposera finalement des règles à son retour? C’est à suivre...

Photo : Archives WordUP! Battles

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