HHQc est allé rencontrer le réalisateur et photographe Carlos Guerra. L’artiste est devenu une référence incontournable dans l’industrie du hip-hop, c’est lui qui signe la facture visuelle de certains de nos rappeurs préférés.

Il est arrivé, équipements sous les bras, afin qu’on puisse discuter des codes visuels dans le rap game. L’artiste nous reçoit entre deux séances photo.

Par son travail de réalisation, il entend bousculer l’industrie du hip-hop. Guerra est un spécialiste de l’image et un grand adepte de musique. « J’ai un amour pour le rap et j’ai l’impression que je suis dans une position où est-ce que je peux tirer quelques ficelles pour changer des choses ».

Carlos Guerra s’est immiscé dans le rap queb suite à une photo qu’il a prise de Souldia lors du lancement de l’album Krime Grave en 2014 à Montréal. Il s’est davantage fait connaître les années suivantes en réalisant deux clips pour le rappeur français Kaaris. « Je me suis placé dans la scène [suite à la réalisation du clip Poussière], mon visuel était considéré comme valable et reconnu à l’international et sous des labels majeurs. Ça m’a donné un gros boost ».

Les codes du rap game
L’artiste visuel entend brouiller les frontières entre la scène musicale street et le milieu mainstream. « J’essaye de présenter le rap sous une nouvelle image », explique Guerra. « J’ai l’impression que j’ai réussi à faire le pont entre deux mondes. J’ai une compréhension approfondie de la musique et sur la manière de la représenter. »

Il cherche à professionnaliser avec ses images la musique gangsta rap qui fait des millions de vues hors des canaux commerciaux. « On a nos réseaux sociaux qui sont ouverts à nous pour être capables de faire diffuser nos contenus, il faut juste le faire d’une manière professionnelle et structurée. C’est ça que j’aimerais amener dans le rap. Je vais me battre pour ça », renchérit le réalisateur.

Il souhaite que le street rap québécois s’éloigne de l’étiquette de la violence. « La réalité est que tout ça vient simplement d’un background différent. J’aimerais qu’on se rappelle que c’est de l’art qu’on fait aussi ».

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Chacun son récit
Le 25 mars dernier, les amateurs de rap queb ont pu visionner le vidéoclip Chacun son récit du rappeur White-B. Le produit est une création de Carlos Guerra et du réalisateur de fiction Éric Piccoli. Le duo nous propose un mini-métrage scénarisé mettant en vedette des acteurs locaux. Le clip raconte une histoire sur les mots et le flow de White-B. Jumeler la fiction et le clip traditionnel demeure une formule inédite pour le street rap queb.

Le rappeur White-B n’a pas été difficile à convaincre pour sortir des codes habituels. «White-B me fait beaucoup confiance. Il était partant pour faire quelque chose de next level. Sauf que l’affaire dans le rap, c’est qu’on est tous habitués à : je veux faire un clip, on tourne en fin de semaine et on sort dans deux semaines. C’est ça, la formule habituelle », commente le réalisateur. L’équipe a travaillé trois mois pour nous offrir un produit distinct. «Dans mon domaine, c’est une éternité », précise Guerra.

White-B cherche à se démarquer des autres artistes et professionnaliser son art. La collaboration avec Carlos Guerra lui a permis de sortir des codes traditionnels.

« Sincèrement, j’adore travailler avec Carlos. C’est quelqu’un qui a envie de faire plus, qui a envie d’aller à un autre niveau, et moi c’est ce que je recherche », affirme White-B, joint au téléphone. C’était la première fois que White Berreta débloquait un aussi grand budget pour un clip. « On est rendu à un niveau dans notre carrière où on veut se professionnaliser à 100 %. On investit l’argent qu’on fait avec la musique pour que ça nous amène encore plus loin. » Le rappeur n’a pas l’intention de retourner à ses anciennes méthodes : « C’est comme ça maintenant que je veux travailler et ça m’a donné une expérience que j’ai envie de revivre ».

Le défi des réalisateurs Guerra et Piccoli a aussi été de convaincre un acteur de participer à un clip de street rap, Hasan Parvez Hang. Il travaille comme intervenant jeunesse. Il a choisi de verser son cachet à un organisme communautaire lui tenant à cœur, Suicide Action Montréal. Il a participé au projet afin de donner une visibilité à la musique que les jeunes écoutent, une façon de se rapprocher d’eux.

« Au début, j’étais hésitant. C’est quand même du street rap. J’ai demandé plus d’informations, on m’a présenté Carlos et on m’a expliqué le concept. Par la suite, je n’ai pas hésité à participer. Je suis super satisfait du travail final, c’est un vidéoclip professionnel et on est loin des clichés », s’enthousiasme l’acteur, questionné par HHQc.com.

Un artiste polyvalent
Guerra fait aussi ses premiers pas dans les médias traditionnels en tant que recherchiste et cameraman de documentaire. Il s'est effectivement impliqué dans le documentaire du journaliste Simon Coutu réalisé par Eric Piccoli, Cannabis illégal, qui présente sans tabou les témoignages de trafiquants. Le documentaire sera diffusé en primeur le 17 avril à 20 heures sur les ondes de Télé-Québec.

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Le réalisateur travaille aussi sur un projet qui lui tient à cœur. Il retournera au Panama où il a passé quelques années en prison pour trafic de drogues. C’est la musique qui lui a permis de sortir de la criminalité. Il souhaite inspirer les autres à s’accrocher à leurs rêves. « Je considère que j’ai été très handicapé dans ma vie, je suis un immigrant, ex-con, je n’ai pas fait d’études en vidéo. J’ai quand même réussi à faire ma place dans cette société, c’est ce que je veux transmettre via mon documentaire ».

Les fans seront heureux d’apprendre que Guerra travaille avec le rappeur Tizzo pour nous proposer un produit original qui fusionne la fiction et l’univers street. « On va faire quelque chose du super crazy sur la track… que je ne vais pas dire tout de suite », rigole-t-il.

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