Récemment, les réseaux sociaux se sont enflammés à la suite de la publication sur Instagram d’une vidéo de la rappeuse Marie-Gold dénonçant les propos de Steve Jolin, président du label 7 ième Ciel. « Je ne vais pas baisser mes standards de sélection juste pour avoir une femme sur mon label », pouvait-on lire dans un article de La Presse intitulé « Le rap féminin? Ça n’existe pas ! », publié le 13 mars dernier. Devant la controverse suscitée par la réplique de Marie-Gold et par les nombreuses réactions des internautes, nous avons décidé de discuter de l’épineuse question de la parité dans la musique.

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La réflexion a débuté par la réaction publiée par Marie-Gold décochant des flèches à 7 ième Ciel. Sous forme de texte rappé, elle a dénoncé les propos de Jolin avec un verse concernant la place des femmes dans le rap queb. Avec cette vidéo tournée sur un coin de table, elle renforce plutôt les propos du patron de 7 ième Ciel sur les critères de sélection permettant de signer un artiste. En effet, sa prestation est négligée et ne permet pas de juger de son talent et cela, sans égard à son sexe.

Bien que Jolin a nuancé ses propos sur les réseaux sociaux, les critiques ont fusé pour dénoncer celui qui gère une écurie majeure dans l’industrie du hip-hop depuis 16 ans. Sous les publications Facebook, ce dernier a expliqué qu’on ne doit pas mettre le rap produit par les femmes dans une case en part, mais plutôt juger d’un artiste en fonction de son talent.

Fidèle à son habitude, le rappeur C-Drik a plongé dans la controverse en produisant une parodie de la vidéo de Marie-Gold. Dans cette vidéo, une certaine Marie-Golden Shower reprend les thèmes abordés dans la version originale en les ridiculisant. Certains ont qualifié la publication de C-Drik de sortie misogyne. Le lectorat d’HHQc fut tout aussi critique face au choix de la rédaction d’avoir publié la parodie du vétéran du rap.

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La question de la parité est un enjeu complexe qui navigue entre la discrimination positive et les réels efforts que doit faire le milieu pour faire place aux talents émergents. Est-ce qu’on doit changer les standards pour faire de la place aux femmes dans le rap? Est-ce qu’on est plus critique vis-à-vis les femmes qui choisissent de prendre le mic? Doit-on inclure des femmes dans le rap game uniquement parce qu’elles sont des femmes? Doit-on les considérer parce qu’elles sont femmes ou pour la qualité de leur interprétation ?

Les critiques envers Marie-Gold ont été assassines et sans équivoque. On lui a suggéré d’arrêter de faire du rap et de se trouver d’autres intérêts. Elle a été trainée dans la boue. Pourtant, quand un homme diffuse une vidéo médiocre, on ne se permet pas de le remettre à sa place avec autant de violence.

Le rap produit par les femmes n’est pas de moindre qualité. Il suffit d’observer les carrières des Américaines telles que Cardi B, Princess Nokia, Noname ou Nicki Minaj. Ces femmes font courir les foules parce qu’elles sont talentueuses. On ne dit pas qu’elles font du rap féminin puisqu'on ne les a pas incluses dans l’industrie car elles étaient des femmes.

Il est dangereux de laisser croire que les chansons des rappeuses féminines sont moins intéressantes ou pas du même calibre que celles des rappeurs masculins. Il faut faire de la place aux femmes dans le milieu du hip-hop, certes, mais pas à n’importe quelle condition. Les rappeuses doivent s’illustrer sur les mêmes scènes que les rappeurs, sans être mises dans une catégorie à part. On veut des personnes talentueuses dans nos festivals, mais on ne souhaite pas voir des artistes performer uniquement pour plaire aux bien-pensants de nos sociétés.

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En regard au manque de visibilité des femmes sur scène, il peut être tentant pour les organisateurs de booker la première venue pour faire taire les critiques. Souvent, sans tenir compte de leur talent, on cherche à combler le vide créé par le manque de femmes dans le milieu. Les rappeurs masculins avec peu de talent ont de la difficulté à être diffusés sur HHQc et ne font pas les festivals. Pourquoi devrait-on ouvrir des portes aux femmes en considérant uniquement leur genre plutôt que leurs compétences ?

Nous ne croyons pas que l’inclusion va se régler avec un quota. Pour faire émerger les femmes dans le rap, cela passe plutôt par l’éducation. Les femmes ont des choses à dire, leurs propos sont valides et le rap game doit entendre celles-ci rapper leurs réalités. Commençons par encourager les filles qui n’osent pas prendre le mic et celles qui écrivent des textes percutants derrière les portes closes.

Ce n’est pas avec un quota à remplir dans la programmation d’un événement ou en modifiant les standards qu’on va éduquer les filles à prendre confiance en elles. Les femmes doivent être sur scène pour déchirer les foules et briller, tout comme les artistes masculins. Le rap queb a de la place pour des rappeuses étoiles, qui feront, elles aussi, une année record.

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