Créé en 2009, le label Silence d’Or a célébré l’an dernier son dixième anniversaire. Renommée Joy Ride Records en 2017, la compagnie de disques en a fait du chemin depuis ses premiers pas dans le rap québécois. Joy Ride Records a décidé de revenir sur un des moments marquants de son entreprise en republiant le premier album distribué, Diasporama de Karma Atchykah, maintenant appelé uniquement Karma.

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Un album formateur pour la compagnie de disques

« Je me souviens de cet album surtout pour le processus, pour le team work, pour les apprentissages et pour le plaisir que j'ai eu à apprendre », affirme Carlos Munoz, co-fondateur de Silence d’Or, joint par courriel en ce temps de confinement. Le producteur affirme avoir passé 18 mois sur le projet. À cette époque, Munoz pouvait concentrer tout son temps sur un seul et unique projet. Les choses ont définitivement changé pour celui qui a annoncé trois nouvelles signatures (20some, Connaisseur Ticaso et Imposs) en quelques semaines.

« On ne voulait pas faire les choses comme les autres. On savait qu'on avait un projet très différent entre les mains et je suis encore convaincu que trop peu de monde rendent à Karma ce qui doit revenir à César, croit-il. Pour nous, Diasporama, c'est l'école, la fondation, le début du rêve et la première forme de réussite », poursuit-il.

Est-ce pour cela que le producteur relance aujourd’hui cet album significatif? Oui, évidemment. En fait, Carlos Munoz juge que cet album a bien vieilli, dans l'ensemble. Il faut aussi ajouter que le projet n’était plus disponible sur les plateformes numériques depuis la faillite de DEP Distribution. En changeant de distributeur, le catalogue complet de Silence d’Or a été transféré, album par album. Toutefois, Diasporama aurait été oublié pour «une raison obscure». « Je m'en suis rendu compte quelques mois après. J'ai décidé d'attendre qu'on le fasse remasteriser et qu'on le sorte pour ses dix ans », affirme le producteur.

Redonner le shine

« J'ai toujours dit que Diasporama était un album qui était un peu en avance sur son temps au Québec. Ce son est plus accepté aujourd'hui qu'il l'était alors. Il y a beaucoup de soul et de beats qui sont très en vogue aujourd'hui », pense Carlos. « Je voulais fermer la gueule à certains journalistes (wannabe critiques) qui avaient bashé jadis et qui maintenant sont all up in the mix à idolâtrer ce type de son, de textures et de sample based instrus », ajoute-t-il.

Carlos croit aussi que Karma a joué un rôle important pour le rap au Québec. Le rappeur, qui était constamment à Musique Plus à l’époque, aurait fait grimper la barre à un autre niveau selon le producteur. « Le rap québécois était depuis longtemps pogné dans une espèce de monde “ptit pain”. On se comparait entre nous, entre produits québécois... On ne pensait jamais à viser plus haut, à essayer de compétitionner avec ce qui venait d'ailleurs. Nous, on a voulu faire ça : montrer de gros cojones, les gros clips, les grosses campagnes promo, la grosse affaire… Tant qu'on pouvait se le permettre, on a misé all in et ça nous a bien servi. Je pense que de manière inconsciente, plusieurs joueurs ont vu ça et ont suivi dans ce sens-là ensuite », conclut-il.

Cette version remasterisée est donc disponible depuis quelques jours sur toutes les plateformes numériques.

Karma Atchykah - Diasporama

Photo : Karma par Vincent Rochette

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