Alors que le rap est de plus en plus accepté, rien n'est pourtant gagné. Oui, Tizzo, Shreez, Soft et leurs producers remportent des prix à la SOCAN. Oui, Izzy-S, 5sang14 et de nombreux rappeurs « de rue » sont en vedette dans des documentaires qui gagnent des Gémeaux. Oui, Souldia intéresse de plus en plus les médias généralistes comme Radio-Canada. Il n'en demeure pas moins que le rap dans sa forme la plus pure et dure est encore loin d'être passe-partout. Pire, même le rap le plus gentil sèmerait encore la crainte chez certains diffuseurs.

En effet, le rap ferait encore peur. Même des artistes plus mainstream et reconnus par l'industrie comme Loud ne font pas totalement exception à cette crainte qu'ont certains diffuseurs envers le rap. Ils hésiteraient devant ce créneau musical qui est encore marginalisé par certains.

Carlos Munoz, de Joy Ride Records, a abordé le sujet dans sa plus récente entrevue avec QCLTUR. « Loud a gagné un Félix devant Marc Dupré »,  affirme-t-il en référence à la statuette que le rappeur a remportée pour l'Interprète masculin de l'année au dernier Gala de l'ADISQ, où étaient également en nomination Éric Lapointe, Hubert Lenoir et Fred Pellerin. Malgré tout, le rappeur aurait encore de la difficulté à être accepté au Québec. « Il y a des diffuseurs en région qui ont peur de ce créneau-là. Ils ont peur du rap. Ils ont peur de Loud... », s'étonne-t-il. Le gérant croit que si des artistes comme Loud ont de la difficulté à se faire accepter, les rappeurs avec un style peut-être plus agressif devront s'imposer. « Imagine-toi si t'arrives avec un style qui semble agressif, qui parle de trucs totalement hors de leur réalité. Il y a un clash, c'est sûr et certain », pense-t-il.

Pour le producteur, les rappeurs issus de différentes origines ethniques doivent être meilleurs pour être égaux. Se doter d'une équipe professionnelle serait néanmoins une des solutions au problème selon le patron de Joy Ride Records. « Les ”rappeurs blancs” qui sont en position de headliners sont des artistes qui assez tôt dans leur carrière ont décidé de bien s'entourer. Pour aller loin dans cette business-là, ça prend des gens chevronnés. C'est aussi simple que ça », conclut-il.

En bref, le rap a encore beaucoup de chemin à faire avant d'être totalement accepté par l'industrie, malgré la popularité du genre. Sauf qu'il y a de l'espoir selon les initiés. Il faudrait simplement s'imposer.

Photo : Vincent Rochette

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